L’agriculture
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La place des femmes dans l’agriculture sénégalaise

Dans le milieu agricole, les femmes sénégalaises sont au cœur des problématiques économiques actuelles du pays. Elles produisent plus de 80% des cultures vivrières - relatives à l’auto-consommation - en milieu rural selon le rapport 2010 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Constituant une main d’œuvre bon marché, elles prennent en charge une part très importante des activités de production agricole, principale source d’emplois et de revenus au Sénégal puisqu’elle concerne 60% de la population.

L’équipement ménager limité et le matériel agricole rudimentaire rendent le travail des femmes pénible. Puiser de l’eau, chercher du bois de chauffe, piler et moudre le mil, cueillir les feuilles de bissap ou de nebeday, récolter l’arachide, assister les hommes aux champs, nourrir toute la famille, transporter de multiples denrées à bras nus ou sur la tête… Leurs besognes quotidiennes sont lourdes et répétitives.

Quand la récolte le permet, elles vendent sur les marchés leur production agricole. Les 250g de bissap coûtent 400 francs CFA (0,60€), le kilo d’arachide est vendu 700 francs CFA (1€), les 250g de niebe (haricots) valent 150 francs CFA (0,20€) et le kilo d’oignons - qu’elles ne cultivent qu’une fois dans l’année - est estimé à 200 francs CFA (0,30€). Les bénéfices sont maigres d’autant plus que les femmes achètent aussi sur le marché des produits dont elles ne disposent pas chez elles : la javel, le savon, le sucre, le riz et l’huile végétale coûtant respectivement 500 francs CFA (0,80€) le litre, 300 francs CFA (0,45€) les 250g, 600 francs CFA (0,90€) le kilo, 250 francs CFA (0,40€) le kilo et 900 francs CFA (1,40€) le litre. Les revenus tirés sont donc très limités.

"Cette forte dépendance vis-à-vis des ressources naturelles pose un défi de taille face à un environnement affaibli, notamment par les problèmes de sécheresse, de déforestation et d’urbanisation rapide" - Rapport PNUD 2010.

Pour répondre à leurs obligations économiques, les femmes s’organisent et cherchent des alternatives vers d’autres ressources financières. Elles développent de multiples activités : le maraîchage, le commerce, la transformation de produits locaux, l’artisanat ou l’élevage. Quand elles le peuvent, elles élèvent un ou deux cochons vendus à 35 000 francs CFA (50€) chacun. Elles sont aussi à l’origine d’un système d’épargne appelé "tontine". Uniquement géré par les femmes au niveau local, la méthode consiste à récolter régulièrement une somme d’argent auprès de chaque mère de famille. La recette est ensuite redistribuée à un ou plusieurs foyers du village. A tour de rôle, les familles peuvent ainsi bénéficier d'une somme d'argent que chacune aurait du mal à mettre de côté.