Le projet repose sur un nouveau modèle économique rompant avec la production vivrière locale. Traditionnellement, le séchage du Yet (cymbium ou escargot de mer en wolof) est réalisé de manière artisanale, en plein air, sans aucun contrôle sanitaire. Le premier objectif du séchoir solaire est d’appuyer "une gouvernance centrée sur les femmes transformatrices", explique la Commission nationale de la coopération décentralisée. Sa volonté ? Professionnaliser la filière en formant les femmes à la gestion, au marketing et à la commercialisation. Le projet vise enfin à valoriser le produit dans des réseaux de distribution. En clair : vendre moins mais de meilleure qualité.

L’objectif est également d ‘améliorer le revenu des femmes transformatrices à hauteur de 30% à terme. Près de 200 femmes pourraient en bénéficier dans le village. Une femme achète aujourd’hui 1 kilo de yet 1 000 francs CFA (1,50€) sur la plage. Après transformation, elle vend le kilo sur le marché 1 500 francs CFA (2,30€). Elle ne touche qu’un très faible bénéfice pour le temps de travail consacré à la transformation du poisson qui s’échelonne sur 2 jours.

Alors que la construction du séchoir solaire de Nianing s’est achevée en 2013, les portes restent closes. Deux questions se posent. Où trouver la quantité de poisson nécessaire à son bon fonctionnement et avec quel argent l’acheter ? Pour qu’il soit rentable, le séchoir a besoin d’une tonne de produit par séance. Les femmes n’ont pas le budget pour l’acquérir. Ensuite, il faut encore trouver des distributeurs intéressés pour acheter plus cher ce nouveau type de produits. Cela n’ayant jamais été fait auparavant, le projet demande de créer de la demande et de trouver de nouveaux partenaires financiers. Des problèmes sur lesquels les différents acteurs locaux se penchent aujourd’hui, non sans mal. S’ils parviennent à les résoudre, l’expérimentation - la première de ce type au Sénégal - pourrait être un exemple à suivre pour toute la côte ouest africaine.