La pêche
La pêche
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La place des femmes dans l’économie maritime

La production halieutique - composée à 89% par la pêche artisanale - est un secteur économique majeur au Sénégal. Contribuant à hauteur de 4,8% du PIB, elle fournit 70% des besoins en protéines animales de la population selon la Direction sénégalaise des pêches maritimes (DPM). Depuis les années 90, le domaine de la pêche ne cesse de se fragiliser et connait de nombreuses difficultés de rentabilité. En cause : la dégradation des écosystèmes marins et la surexploitation des ressources.

Les femmes occupent une place centrale dans ce secteur d’activité puisque ce sont elles qui achètent, transforment et vendent le poisson récolté par les pêcheurs. Elles subissent de plein fouet la concurrence déloyale de mareyeurs étrangers - grossistes qui achètent et revendent le poisson - sur les plages. Employés par des usines chinoises, coréennes, russes ou françaises - toujours plus nombreuses - ils disposent de beaucoup plus de moyens financiers que les femmes pour payer le poisson aux pêcheurs. La réglementation de la profession de mareyeur existe mais elle n’est pas respectée, faute de moyens. Même si ces usines s’implantent dans les grandes villes sénégalaises (Dakar ou Joal) et sont sources d’emploi pour la population locale - jusqu’à 200 personnes embauchées par structure - elles étouffent un secteur d’activité plus important encore : celui des femmes transformatrices de poisson - qui sont 500 pour la seule ville de Nianing. A cela s’ajoute la diminution des ressources maritimes, conséquence de l’augmentation du nombre de pirogues et de la présence de chalutiers étrangers qui pêchent, souvent illégalement, au large des côtes sénégalaises.

Le séchage de poisson au Sénégal est traditionnellement l’affaire de la femme.

Plusieurs réformes ont été mises en place par l’État pour contrer ces phénomènes. Pour limiter le libre accès à la ressource, un permis de pêche artisanale a été instauré en 2005 comme le stipule la Commission sous-régionale des pêches (CSRP). Des Conseils locaux de Pêche artisanale (CLPA) ont été créés ainsi que de nombreuses organisations professionnelles mais ces organismes demeurent sous représentés et ne possèdent pas encore un écho suffisant. En vue de protéger l’écosystème marin, le gouvernement a créé des Zones de pêche protégée (ZPP) et de récifs artificiels pour la reconstitution et la conservation de ressources halieutiques. Ces initiatives sont encore trop récentes pour en constater les effets.

Face aux enjeux actuels, le village de Nianing a vu naître en 2008 un projet expérimental : la réalisation d’un séchoir solaire collectif en vue d’aider les femmes transformatrices de poisson. D’un coût total estimé à 200 millions de francs CFA (300 000€), la construction a été financée à hauteur de 51% par la Région Midi-Pyrénées dans le cadre de la Commission nationale de la coopération décentralisée. L’ONG française Solidarité internationale pour le développement et l’investissement (SIDI), la société sénégalaise Garrigue et l’association d’aide au développement bretonne Jappoo-Sénégal ont aussi participé.