au Sénégal
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Les jeunes filles dans le système éducatif
La politique éducative au Sénégal repose sur les recommandations de deux conférences internationales : le Programme de développement de l’éducation et de la formation (PDEF) initié en 1996 et le forum mondial de l’Éducation pour tous (EPT) organisé à Dakar en 2000. Comme son nom l’indique, l’EPT a pour objectif de répondre équitablement aux besoins éducatifs de tous les enfants, sans discrimination. Malgré sa volonté égalitaire, le système connaît toujours de nombreuses disparités, notamment entre les sexes. Le projet SCOFI - visant à promouvoir la scolarisation des filles au Sénégal - n’y change rien : garçons et filles ne possèdent toujours pas les mêmes chances de réussite.
Alors que la parité est atteinte en primaire - le taux d’admission des filles est passé de 38% en 1991 à 79% en 2000 selon le ministère sénégalais de l’Éducation - les inégalités persistent dans l’enseignement secondaire. "Seulement 15 % des filles sont en mesure d’aller à l’école secondaire et plus tard dans la vie, il n’y a que 6 femmes adultes pour 10 hommes sachant lire et écrire" constate l'Unicef en 2005.
En cause : le contexte socioéconomique et culturel du pays. Même si les filles sont inscrites en majorité à l’école élémentaire, nombre de familles les envoient - dès l’âge de 11 ans - faire des travaux domestiques dans les grandes villes pour gagner de l’argent. La scolarisation des filles n’est pas toujours perçue comme nécessaire dans une société patriarcale où le rôle de la femme est avant tout celui d’une mère qui s’occupe de son foyer et d’une épouse qui s’occupe de son mari. Les mariages et les grossesses précoces en sont une vive illustration.
En 2012, seulement 0,7% des garçons de 10 à 19 ans étaient mariés contre 24% des filles du même âge - Unicef.
Le coût de l’enseignement secondaire, l’éloignement des structures scolaires, le manque de filières adaptées pour la poursuite des études ou le peu de débouchés sur le marché du travail n’aident en rien à la situation. Conséquence directe de la sous-scolarisation des filles dans l’enseignement secondaire : leur surreprésentation dans le taux d’analphabétisme du pays. Avoisinant les 74% en 1988, il est passé à 50% en 2012. Une avancée significative qui ne profite que peu aux jeunes filles - âgées de 15 à 24 ans - puisqu’elles étaient seulement 56% à être alphabétisées contre 74% des jeunes hommes la même année. Des efforts sont encore à fournir pour que le Sénégal atteigne l’objectif fixé par le programme de l’EPT : réduire de 50% le niveau d'analphabétisme des adultes, et notamment des femmes, d'ici 2015.